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Le pouvoir d'achat
Edito
Le pouvoir d'achat
Michel Lemaire, Élu et Trésorier du CSE et RSS FO Matmut
Un terme récurrent…
Le pouvoir d’achat. Nous entendons ce terme tout le temps à la radio, dans la presse, à la télévision, dans les discussions entre collègues et même les syndicats reprennent le thème du pouvoir d’achat… À FO Matmut, nous sommes bien placés pour l’affirmer…
Augmenter le pouvoir d’achat des salariés est donc une priorité. Pour y parvenir, au lieu d’augmenter les salaires, les entreprises distribuent des primes.
L’illusion des primes
Nous avons vu apparaître la prime de transport, la prime d’activité, la prime Macron, le forfait mobilité durable, le chèque alimentaire, le chèque inflation, ristourne sur les prix du carburant…
Cela permet de renflouer immédiatement le compte du salarié. Cela donne l’impression immédiate que le travail paie : L’entreprise a été généreuse et a accepté de donner la prime. Même si la prime est de faible montant, le salarié s’en contentera car « c’est déjà ça de pris », comme on dit. Certains diront que si l’entreprise n’a pas donné plus, c’est qu’elle ne pouvait pas, sinon elle l’aurait fait.
Une fois la prime dépensée, que reste-t-il au salarié ? Son salaire qui n’a pas bougé. Face aux dépenses du quotidien, le salarié qui était dans la galère avant le versement de la prime retournera à nouveau dans la galère.
L’effet prime ne permet pas d’empêcher la baisse du salaire réel. En effet, la hausse des salaires ne suit pas l’inflation conduisant à une diminution des salaires réels. Le travail rémunère moins. Il y a une perte du fameux « pouvoir d’achat ». Mais pour les entreprises, la prime permet et justifie le maintien du salaire à un niveau bas.
Les salariés sont contraints de se priver d’un certain nombre de biens et services essentiels, du fait d’un niveau de vie déjà stagnant voire en baisse depuis plusieurs années que l’inflation galopante vient encore comprimer.
Pour sauvegarder le pouvoir d’achat, l’indexation des salaires sur l’inflation est une nécessité impérative.
La part des salaires dans les richesses produites dans les entreprises va diminuer, et la part rémunérant le capital (le profit) augmentera d’autant. C’est pourquoi, les entreprises préfèrent des solutions temporaires comme les primes à une hausse des salaires qu’elles ne pourront pas diminuer plus tard.
Pour tenter de faire accepter que la hausse des salaires ne doit pas suivre la hausse de l’inflation, les entreprises et le Ministre de l’Économie s’appuient sur la théorie de l’offre et de la demande : Le prix d’équilibre sur le marché est censé être le point de rencontre entre l’offre et la demande. En cas d’inflation, il conviendrait de ne pas augmenter les salaires car la demande deviendrait alors supérieure à l’offre, ce qui se traduirait par une augmentation du prix du bien.
Toutefois, une étude de novembre 2022 d’économistes du Fonds monétaire international (FMI) relativise ce mécanisme, imputant aux périodes d’inflation des causes diverses et pas seulement la hausse conjointe des salaires et des prix.
Pour preuve, depuis 1920, la Belgique est l’un des rares pays au monde à avoir mis en place l’indexation automatique des salaires face à l’augmentation du coût de la vie afin que les salariés puissent garder à peu près le même niveau de vie même lorsque les prix augmentent. En un siècle, il n’y a pas eu d’écart notable sur les prix entre la France et nos voisins.
Un cercle vertueux
Puisque ce sont les salaires bruts qui sont indexés, cela augmente également les revenus de l’impôt et de la sécurité sociale. Les retraités, demandeurs d’emploi et personnes en incapacité de travail bénéficient également de ce mécanisme, mais aussi les pouvoirs publics qui obtiennent davantage de revenus pour financer le service public.
Et à la Matmut ?
A la Matmut, le travail paie moins depuis quelques années puisque l’augmentation générale des salaires ne suit pas l’inflation. Les salariés s’appauvrissent tout doucement alors que les profits de la Matmut n’ont jamais été aussi importants.
Naturellement des primes Macron ont été distribuées mais l’ensemble des salariés n’y ont pas eu droit. Les CGT, CGC, CFDT et CFTC ont accepté une discrimination dans l’octroie des primes, estimant que certains salariés contribuant à la richesse de l’entreprise avaient un salaire suffisamment important pour ne pas être victime de la hausse des prix. En 2023, 40 000€, c’était le montant pour bien vivre et ne pas ressentir la hausse des prix et des fournitures d’énergie, selon ces syndicats.
FO n’a de cesse de demander des augmentations générales au moins égales à l’inflation afin que les salariés ne s’appauvrissent pas.
Malheureusement, à la Matmut, le retard ne sera jamais rattrapé.