Aller au contenu.
Vous pouvez adapter l'affichage du site grâce aux options d'accessibilité en activant les options par défaut (c'est à dire augmenter le contraste et la taille des caractères, et réduire les animations), ou en personnalisant les options. Pour activer les options par défaut, cliquez ici. Pour personnaliser l'ensemble des options d'accessibilité (incluant la navigation du texte au clavier), cliquez ici.
Aller au menu des sections principales. Aller au menu complet en fin de page. Aller au contenu.

Le sens au travail

Edito Michel Lemaire, DSR et RS FO Matmut

Le sens du travail peut se définir comme la perception qu’a le salarié à la fois de son travail et de son rapport à celui-ci. La perception est subjective et la question du sens, personnelle.

Le sens au travail est important dans le secteur de l’assurance car les salariés sont en contact avec le public soit en physique ou par téléphone. Les salariés sont exposés aux conflits éthiques. En effet, pour les salariés pour qui le contact humain est au cœur de leur métier, le fait de ne pas avoir les moyens de faire leur travail correctement à cause de contraintes de temps, des outils informatiques défaillants ou d’objectifs managériaux à atteindre, peut leur donner le sentiment de maltraiter leurs clients, ce que les salariés vivent mal.

Les méthodes managériales actuelles imposées par les compagnies d’assurance, qui individualisent les salariés, les éloignent les uns des autres en fixant des objectifs individuels et en stimulant la concurrence entre les salariés pour obtenir une maigre augmentation individuelle sont créatrices de perte de sens. Le collègue peut-être vu comme un concurrent pouvant lui prendre l’augmentation individuelle. Le management “par le chiffre”, a fait perdre son sens au travail.

Pourtant, l’entente avec les collègues, la coopération, l’entraide sont créateurs de sens au travail. Il est toujours plus agréable de venir au travail lorsque les relations avec les collègues sont agréables. Mais il faut bien comprendre que s’entendre avec ses collègues ne suffit pas à donner du sens au travail. Cela peut néanmoins aider à supporter, au moins un temps, des conditions de travail difficiles. L’organisation du travail peut créer du sens au travail ou au contraire de la perte de sens.

Dans les grands groupes d’assurances, la recherche d’optimisation des rendements financiers conduit à opérer des restructurations permanentes. Dans l’organisation du travail, les outils numériques empêchent le salarié de souffler. Les objectifs du travail et l’évaluation de sa qualité dépendent de plus en plus d’indicateurs quantifiés qui ne reflètent pas ce qui est important aux yeux des salariés. Les entreprises demandent aujourd’hui aux salariés de ne plus être technique, de ne plus être expert dans leur métier mais de simplement faire du chiffre. Cet appauvrissement du travail contribue à enlever le sens du travail des salariés.

Aussi il faut abolir l’organisation du travail du siècle dernier, tayloriste et fordiste, qui a contribué à réduire l’homme au simple rang de moyen. Lorsque la dimension humaine disparaît du travail, quelque chose ne va plus. Le travail n’a alors plus d’autre fonction que de permettre au salarié de gagner sa vie.

Un travail a du sens aux yeux du salarié s’il peut travailler en accord avec ses valeurs morales et professionnelles et s’il peut y mettre en œuvre son intelligence. En effet, il convient de se poser les bonnes questions. Pourquoi travaillons-nous ? Pourquoi fais-je ce métier ? Que m’apporte ce métier ?

Pour donner du sens au travail, il ne faut plus que le salarié soit au service de l’entreprise et de l’économie, mais mettre l’entreprise et l’économie au service des salariés.

Donner du sens au travail passe par une organisation du travail donnant une réelle autonomie au salarié. Les entreprises doivent cesser d’être dans une politique de contrôle pour vérifier que les salariés fassent bien leur travail, ce qui est chronophage pour les managers qui ont le mauvais rôle de contremaître. Les entreprises préfèrent contrôler les salariés plutôt que de leur faire confiance. Les salariés sont des adultes, pas des enfants. Cela permettra au manager, qui lui aussi, a besoin de sens au travail, d’être un vrai soutien technique. Il faut cesser d’être enfermé dans des processus qui empêchent de penser, d’agir. Le plus souvent, le salarié doit contourner ces règles inadaptées pour pouvoir bien faire son travail. Après tout, à la différence des têtes pensantes déconnectées du quotidien, le salarié est le sachant. Seuls les salariés ont les mains dans le cambouis.

L’autonomie et la confiance permettront au salarié de retrouver une liberté dans son travail.

Donner du sens au travail peut donc se résumer ainsi : autonomie, reconnaissance, confiance… et partager les retours positifs.