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FO Matmut, la Force syndicale de TOUS les salariés Matmut.
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Edito

La semaine DE ou EN 4 jours.

Michel Lemaire, Élu FO Matmut et Trésorier du CSE

Le temps de travail, ce sujet clivant entre les travailleurs et le patronat.

Les salariés ont toujours revendiqué de ne pas passer leur vie au travail, de ne pas être aliéné par le travail alors que pour le patronat, nous ne sommes “qu’une ressource humaine”, qu’un outil de production. Pourtant, le salarié n’est pas un outil de production comme les autres puisqu’il pense, revendique et lutte pour améliorer sa condition de travailleur. Ainsi, la condition des travailleurs a subi des évolutions au fil du temps et au gré du rapport de force entre eux, leurs syndicats et le patronat.

Le temps de travail du XIXème au XXIème siècle.

Alors que le patronat pratiquait littéralement le servage sur les travailleurs avec une semaine de 90h, les salariés ont progressivement commencé à gagner du temps libre pour vivre, jusqu’à obtenir la semaine de 35h :

Il faut faire un saut au 16 janvier 1982 pour avoir une réduction de la durée du travail à 39 heures et au 19 janvier 2000 pour passer aux 35h.

Depuis, le travailleur travaille 7h/jour mais son amplitude horaire est encore importante car, par rapport au 19ème siècle et au début du 20ème quand l’ouvrier habitait à côté de son travail, aujourd’hui, il doit souvent parcourir plus de kilomètres pour se rendre sur son lieu de travail.

24 ans après la dernière réduction du temps de travail, la recherche de l’émancipation des travailleurs continue et l’idée de la semaine de 4 jours émerge progressivement.

La semaine de 4 jours : Une avancée sociale pour les salariés.

Comme la réduction du temps de travail lors du passage aux 35h, la semaine de 4 jours, soit 28h/semaine, serait une réelle avancée sociale pour les salariés.

La semaine de 4 jours, avec une journée de travail de 7h, permettrait de limiter encore un peu plus l’impact du travail sur les salariés. Ce serait également une réelle opportunité de supprimer la discrimination subie par les femmes qui font souvent le sacrifice d’un travail à temps complet pour s’occuper des enfants. Les femmes pourraient travailler à nouveau à temps complet, avoir ainsi un meilleur salaire et une meilleure pension de retraite. La semaine de 4 jours permettrait de fait à l’homme de s’occuper davantage des enfants. Ce serait une juste parité dans l’éducation des enfants permise par la semaine de 4 jours.

Avec les réformes des retraites successives, nous travaillons malheureusement de plus en plus longtemps. Arrivé à 50 ans, la fatigue se fait sentir, le travail devient parfois insoutenable et être moins au travail permettrait de réduire cette fatigabilité.

Globalement, l’ensemble des salariés gagnerait avec une semaine de 4 jours sans perte de salaire naturellement, avec plus de repos, plus de loisirs, etc…

A l’heure actuelle, en France, du fait du patronat cherchant à protéger à tout prix ses avantages, aucune entreprise n’a réellement proposé la semaine de 4 jours.

La semaine en 4 jours : La tendance des employeurs.

Dans un contexte de fortes tensions sur le marché de l’emploi et face à la jeunesse qui repense son rapport au travail, pour les entreprises, la modulation des rythmes de travail et la réduction du temps de travail peuvent constituer un levier d’attractivité, en dehors d’un salaire décent, pour attirer des candidats et garder les salariés.

Il ne faut pas se leurrer, les entreprises n’ont pas d’intérêt à appliquer réellement la semaine de 4 jours, à 28h/semaine. Qu’apporte la semaine de 4 jours à l’employeur ? Rien.

Par contre, la semaine en 4 jours a un gros intérêt pour l’entreprise : Effectuer 35h sur 4 jours permet d’étendre les horaires de travail, ce qui présente un avantage en termes de service rendu aux clients (l’entreprise est joignable plus longtemps). Dans le tertiaire comme l’assurance, le salarié peut joindre plus tardivement le client sans le déranger au travail et ainsi lui vendre un contrat.

Seul le client compte et l’entreprise veut éviter l’insatisfaction de la clientèle avec une porte fermée en début de soirée.

Pour tenter d’amadouer le patronat, la fausse bonne idée de certains syndicats est de proposer 32h en 4 jours. Ce n’est toujours pas une avancée sociale puisque le temps de travail quotidien augmente et les salariés ont toujours les mêmes impondérables.

À la Matmut par exemple (voir notre tract du 20/09/2024), la Direction ne s’y est pas trompée et tire même davantage la couverture de son côté : dans les agences, la semaine de 4 jours, c’est 34h/semaine, donc avec une grande amplitude horaire, mais avec en prime, l’exigence de télétravailler 3h toutes les 3 semaines, le lundi ou… le samedi, afin d’arriver à l’équivalent de 35h/semaine ! La Matmut ne perd pas le nord… Tout comme la MACIF avant elle, elle surfe sur la vague pour élargir l’amplitude horaire !

Pour faire passer l’allongement de l’amplitude journalière de travail, les entreprises mettent en avant le seul avantage : la journée non travaillée.

Les employeurs se gardent bien d’expliquer les problèmes que cela occasionne à certains salariés :

En résumé : À l’entreprise, revient l’avantage de la plus grande flexibilité horaire, et au salarié, les problèmes et les frais supplémentaires qu’ils occasionnent…

La semaine en 4 jours : Un risque pour la santé des salariés.

Alors que la semaine de 4 jours peut réduire la fatigue des salariés seniors, la semaine en 4 jours, et donc l’allongement de la durée quotidienne du travail, va accroître cette fatigue.

Se pose également la question des salariés en situation de handicap. Pourront-ils faire des journées de travail plus longues ? Sur le long terme, quels seront les effets sur leur santé ?

Avec la semaine en 4 jours, les salariés doivent travailler 1h45 de plus chaque jour sans compter la pause déjeuner.

Ne soyons pas trop gourmand et prenons l’exemple d’une pause déjeuner de 45 minutes : Le salarié reste donc sur le lieu de travail pendant 9h30. Il convient d’ajouter à cela le temps de trajet domicile-travail qui est de 50 minutes en moyenne selon une étude de la DARES de 2015. Entre le départ de son domicile et le retour du travail, il se sera écoulé en moyenne 10h20. Elle est pas belle l’avancée sociale ?

Ce changement de rythme de travail et l’adaptation à cette nouvelle organisation de travail peut générer plus de fatigue et de stress. En effet, effectuer en 4 jours le travail que l’on fait habituellement en 5 jours intensifie le rythme de travail.

Mais comment évacuer le stress et combattre la fatigue physique et mentale grâce au sommeil, aux loisirs et à d’autres activités si le salarié à moins de temps libre quotidiennement ?

Intensifier le travail n’est pas bon pour la santé des salariés. Proposer la semaine en 4 jours, pour l’entreprise, cela va à l’encontre de son obligation d’assurer la protection de la santé et la sécurité des salariés.

À FO, nous sommes pour une réelle avancée sociale pour les salariés : la semaine de 4 jours à 28h/semaine, sans perte de salaire.

Car oui, c’est possible. Il suffit d’en avoir la volonté, comme nos aînés l’ont eu avant nous.