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Résolution du CSE extraordinaire du 05/09/2024 sur la politique économique et sociale de 2023

Enfin une sésolution sans langue de bois ! Il était temps !

Pour la première fois à la Matmut, nous avons une résolution du CSE qui expose clairement la souffrance des salariés, la défaillance dans l’organisation du travail et ses impacts sur les salariés, les services ainsi qu’une stratégie d’entreprise qui est très loin d’être optimale.

Il s’agit de la résolution portant sur la politique économique et sociale sur 2023.

Texte de la résolution du CSE

« Les élus sont consultés sur la situation économique et financière et la Politique sociale de l’entreprise dans le cadre de la consultation légale du CSE pour l’exercice 2023.

A la lecture du rapport d’expertise rendu par la SACEF, un certain nombre de points nous interpellent aussi bien dans le cadre de la situation économique que dans la politique sociale menée par la Matmut.

POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Les résultats sont positifs et s’établissent à 44 Millions d’euros en 2023. Cependant, ils ne reflètent pas forcément la performance économique de l’entreprise dans la mesure où ils intègrent également des jeux d’écritures comptables.

Ce résultat positif ne saurait faire oublier la récurrence d’un faible rendement sur les capitaux propres de l’entreprise, affectant également les marges de manœuvre nécessaires à la mise en place des stratégies de diversification et de modernisation.

L’évolution de la fréquence des sinistres est moins brutale que celle de l’année dernière. Les événements climatiques restent nombreux et coûteux en 2023, même s’ils restent en deçà de 2022. La sinistralité des véhicules à moteur suit la même tendance : une baisse de la fréquence mais des coûts en augmentation par rapport à l’exercice précédent.

Les événements climatiques, trop souvent présentés comme relevant de l’exceptionnel, n’ont pas été suffisamment pris en compte dans l’organisation du travail et dans le dimensionnement des équipes.

La sécheresse continue de peser dans les comptes, à la fois en raison de la survenance de l’exercice 2023 que par le rechargement des provisions 2022.

Globalement, nous notons un dysfonctionnement des services indemnisation qui, malgré des ajustements organisationnels, ne parviennent pas à rendre un service après-vente de qualité. Nous notons par ailleurs que les promesses d’efficacité et de joignabilité n’ont pas donné les résultats escomptés. L’accumulation d’ajustements organisationnels ne signifie pas pour autant qu’il y a un pilotage global et efficace de l’entreprise.

Les dysfonctionnements de l’indemnisation ne sont pas sans effet sur le volet commercial.

Les adhésions progressent tandis que le nombre de sociétaires démissionnaires se stabilise, ce qui porte le nombre total de sociétaires à un niveau plus élevé que l’année dernière, même si la progression reste modérée au regard du vieillissement du sociétariat. Force est de constater toutefois que les très bons résultats d’Ociane et l’arrivée de MGEFI constituent les locomotives du Groupe en termes d’accroissement du nombre d’assurés. De ce fait, les élus s’interrogent sur la politique menée et à venir sur nos produits historiques et ceux de la branche vie. Les élus s’inquiètent de l’absence de stratégie pour conquérir les jeunes et les fidéliser.

Ces résultats sont-ils à la hauteur des attentes de la Direction? L’absence d’ambitions chiffrées ne permet pas de répondre à cette question.

Nous notons une inversion des tendances avec des résiliations de contrats qui augmentent plus vite que les affaires nouvelles en automobile et en habitation, le portefeuille sur les offres socles ne progresse pas voire diminue pour l’habitation.

Le portefeuille est vieillissant (30% a plus de 62 ans) et les actions commerciales mises en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux liés au rajeunissement de celui-ci. Les offres commerciales sont difficilement lisibles par les conseillers, peu attractives pour les sociétaires et dont le bilan n’est pas évalué.

L’arrivée tardive de la politique de diversification sur les produits d’épargne et de prévoyance, dans un contexte économique difficile et de concurrence agressive ne permet pas de produire les relais de croissance attendus.

En assurance vie les charges techniques brutes progressent plus rapidement que les primes, ce qui pénalise la marge de progression de souscription. Toutefois, les produits nets des placements permettent de limiter le recul du résultat d’exploitation courante, qui reste presque du même niveau que les années précédentes.

Les élus constatent avec satisfaction que le travail de l’ensemble des collègues a porté le développement de l’entreprise, démontrant à nouveau, si besoin en était, leur exceptionnel engagement, malgré les conditions de travail toujours sous pression et un manque d’effectifs récurrent.

POLITIQUE SOCIALE

Les élus ne peuvent que regretter l’augmentation des départs, notamment en raison des démissions des personnes récemment recrutées : le nombre de démissions des moins de 5 ans d’ancienneté progresse à nouveau cette année, tout comme le taux de sorties de CDI lors de la première année qui est passé de 8,6 % en 2019 à 15,3 % en 2022, puis à 16,6 % en 2023. Les élus s’inquiètent de la progression du nombre de licenciements qui traduit un durcissement de la politique RH et de l’absence de la bienveillance pourtant prônée.

Ces éléments de rotation des personnels constituent un faisceau d’indices tendant à démontrer un niveau de perturbation dans l’organisation du travail qui contribue à exposer les équipes à des risques psychosociaux.

Au-delà de ces constats, les élus s’interrogent sur la volonté réelle de l’entreprise de stopper cette érosion.

Le turn-over des salariés ayant acquis une certaine technicité, cumulé à l’absentéisme génèrent un report de la charge de travail, une sur sollicitation des tuteurs, une démotivation des équipes en place, et dégradent l’image et l’attractivité de l’entreprise, pour au final freiner la performance globale.

Les outils informatiques n’apportent pas la simplification et le confort de travail promis. Au contraire, ils complexifient et ralentissent le travail des équipes. Ces outils sont actuellement développés sous l’angle du pilotage par les chiffres et pour un renforcement du contrôle. Les évolutions technologiques qui auraient pu être un accélérateur de compétitivité sur le marché se révèlent plutôt à ce stade être un frein.

Les élus constatent d’ailleurs que le nombre de saisines de la cellule QVCT progresse encore cette année et que les deux principaux motifs portent sur des conflits internes, que ce soit avec la hiérarchie ou avec des collègues et devant les incivilités et les agressions. Cela représente en moyenne 8 saisines par mois, soit 2 par semaine.

Cela se combine avec un taux d’absentéisme global moyen qui recule, mais qui représente en moyenne 1 salarié sur 14 qui n’est pas en situation d’absorber la charge de travail dévolue à son poste, ce qui contribue également à perturber l’organisation du travail.

Les élus constatent également que le recours aux heures supplémentaires est en retrait cette année, même s’il reste important au regard des exercices précédents. Les heures supplémentaires fatiguent les collègues. Il est urgent que la Matmut atteigne la valeur cible de recrutement. La mise en place des heures supplémentaires comme outil de gestion, permet de réguler la charge.

C’est un marqueur du manque d’effectif chronique.

Les élus relèvent que les évolutions de rémunérations portent bien la trace des mesures salariales, notamment en faveur des rémunérations les plus faibles.

Concernant les rémunérations, les élus regrettent que plus de 4 % des collègues n’aient bénéficié d’aucune augmentation individuelle depuis au moins 5 ans, d’autant que la durée moyenne entre deux revalorisations salariales s’allonge pour presque toutes les classes. D’ailleurs, l’analyse tend à montrer que les classes 1, 2 et 3 semblent pénalisées à plusieurs titres : elles concentrent un poids plus important de non-bénéficiaires d’AI depuis 5 ans, une durée moyenne plus importante entre deux revalorisations salariales et un poids plus important de salariés non revalorisés en 2023.

Enfin, malgré les différentes actions en faveur de l’égalité entre femmes et hommes, les élus constatent encore des écarts statistiques de rémunération en défaveur des femmes, notamment dans les tranches les plus faibles de rémunération, là où elles sont plutôt davantage représentées, avec une ancienneté au moins équivalente.

Les élus déplorent que le nombre d’heures de formations des employés soit inférieur à la moyenne du secteur de l’assurance. Ils regrettent également que le e-learning soit priorisé. Ce type de formation n’est pas réalisé dans les conditions idéales pour apprendre.

En conclusion, malgré l’apparente stabilité des chiffres, et au vu des points évoqués, les élus s’inquiètent des conséquences que pourraient avoir les politiques menées par la Matmut.

Le CSE émet un avis défavorable sur la politique économique, financière et sociale 2023. »