Déclaration FO lors du CSE de juillet 2023 sur la Politique Sociale, les Conditions de Travail et l'Emploi.
Voici ci-dessous la déclaration de FO lors du CSE faisant suite à la restitution du rapport de l’expertise indépendante sur la politique économique et sociale du groupe Matmut :
Tout d’abord, et une fois de plus, FO regrette que la Direction ne communique les éléments à l’expert qu’en dernier recours et au dernier moment ne permettant pas à celui-ci de travailler dans des conditions convenables.
Sur le fond, nous pouvons constater que le secteur de l’assurance recrute fortement. La profession subit une transformation de son activité poussée par les nouveaux modes de consommation créés par la crise Covid, entre autres.
Les sociétaires cherchent la simplicité et la liberté. Cela va dans le sens des nouvelles lois permettant la résiliation des contrats à tout moment par les clients. Parallèlement, ces mêmes sociétaires souhaitent un service rapide et de qualité, faute de quoi, ils partent, car la fidélité n’est plus aujourd’hui une valeur à la mode.
Pour qu’une entreprise fonctionne, il faut donc un système informatique performant et rapide et aussi de l’humain disponible rapidement pour réaliser des contrats mais aussi rendre le service vendu.
Du côté salariés, ces mêmes attentes sont présentes. A savoir que les nouveaux embauchés ne sont plus fidèles à une entreprise ou à une marque. Ils ne se voient plus faire toute une carrière auprès du même employeur. Ils cherchent les meilleures conditions de travail pour un meilleur salaire. Ils sont prêts à changer plusieurs fois et à démissionner si cela ne leur convient pas.
Il appartient donc à l’entreprise d’être attractive en termes de qualité de vie au travail mais aussi innovante dans ses services et son organisation.
A la Matmut nous n’avons pas su anticiper ces attentes. Nous travaillons avec des logiciels lourds et chronophages. Nous ne proposons aucune innovation en termes de qualité de vie au travail. Même le télétravail est extrêmement limité et très contrôlé. Pour autant les salaires ne sont pas exceptionnels. D’autres entreprises du secteur proposent mieux soit en termes de salaire soit en termes de conditions de travail.
Pourtant l’entreprise reste solide et cherche à pérenniser ses salariés en CDD. Elle a toutefois tendance à plus embaucher en fonctions support qu’en fonctions cœur. Il existe alors un turn over important qui entraîne un épuisement des formateurs et tuteurs qui doivent sans cesse recommencer à former de nouveaux arrivants.
Parallèlement il existe un problème de reconnaissance. Les évolutions et les augmentations sont peu nombreuses et de faible montant. Cela a pour tendance à démotiver les salariés en poste. Aucune perspective d’avenir n’est proposée ni à l’embauche ni à ceux qui sont présents depuis plusieurs années. Les choix effectués pour les évolutions sont parfois peu compréhensibles et basées soit sur une capacité accrue de contrôle soit sur un capacité commerciale à outrance. Entraînant ainsi parfois un mal être au sein des équipes. Il en résulte donc un mal être au travail qui se traduit par un absentéisme accru, entraînant alors une charge de travail encore plus importante.
Pourtant la Matmut va devoir sérieusement se pencher sur le vieillissement de ses salariés et leur renouvellement. Si elle ne réussit pas à négocier ce virage, elle va devoir travailler avec des salariés qui ne sont plus attachés à notre belle maison, qui n’auront pas la technicité recherchée et qui ne seront toujours pas assez nombreux pour rendre le service vendus à nos sociétaires.
Si l’entreprise reste pérenne a ce jour c’est grâce à l’engagement des équipes qui sont attachées à l’entreprise et qui vont au-delà de leurs prérogatives parfois, juste pour assurer l’image et la qualité de service.
Au niveau des formations, si l’engagement financier est respecté légalement parlant, cela se traduit par des formations à distance, en e-learning. Les formations en présentiel sont, soit, plus coûteuses mais sont d’une plus grande qualité et permettaient d’entretenir le lien entre toutes les entités de l’entreprise.
En conclusion, à force de trop presser le citron, on finit par ne plus rien obtenir. Notre maison a toujours été forte grâce à l’engagement de ses salariés. Le sur-contrôle, le commercial à outrance, les conditions de travail actuelles la rendent nettement moins attractive pour les candidats et ne permettent pas de retenir les nouveaux embauchés.
La qualité de service n’y est plus et même les sociétaires, plus libres qu’auparavant, n’hésitent plus à nous quitter pour aller voir ailleurs. Un changement radical de cap est à opérer rapidement si nous voulons redevenir attractifs aussi bien sur le marché de l’emploi que sur celui de l’assurance.